samedi 14 février 2009

Sortir de l'impasse

Une constitution imposée, l’esprit de la confédération trahi, des négociations abandonnées sans aboutissement, un peuple qui semble vouloir moins qu’un pays mais plus qu’une province… Comment sortir de l’impasse?

Les années 60, le Canada moderne, jeune ensemble politique approchant son premier siècle d’existence, entre dans une période évolutive troublée. Au Québec, c’est ce qu’on appelle la révolution tranquille, Jean Lesage se fait élire avec comme slogan : « Maître chez nous!) » Un clivage culturel et économique existe toujours entre les deux nations fondatrices du Canada et le nationalisme Québécois voit le jour. C’est dans un tel contexte que Pearson instituera une commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme afin de faire des recommandations pour que la Confédération Canadienne se développe d’après le principe d’égalité entre les deux peuples fondateurs. Par la suite, durant les années 70, Trudeau, craignant que le nationalisme Québécois brise le Canada, utilisera la manière forte contre sa province natale tout en poursuivant des négociations pancanadiennes afin de rapatrier la constitution, toujours en Angleterre. Début 80, devant la marginalisation du Français au Canada, la dureté de Trudeau et le non respect par le fédéral des pouvoirs provinciaux accordés par le constitution de 1867, Lévesque et les nationalistes Québécois alors au pouvoir à Québec, tiendront un référendum sur la souveraineté du Québec qui sera rejeté à 60% par la population. Suite à cela, faute de pouvoir s’entendre avec le Québec, le gouvernement Trudeau, avec l’accord des autres provinces, rapatriera et modifiera la constitution canadienne contre la volonté quasi unanime du gouvernement québécois, changeant ainsi les règles du jeu démocratique sans l’accord des élus de cette province.

Les débats constitutionnels de la fin 80, début 90 sont une série d’efforts afin de corriger ce malentendu (lac Meech, accord de Chalottetown) et réintégrer le Québec dans la constitution Canadienne. Ils échoueront tous, malgré beaucoup de bonne volonté. Ce qui déclenchera un deuxième référendum sur la souveraineté du Québec en 95 qui sera rejeté par 50,5% des voix. Suite à cette période mouvementée, le Canada semble être entré dans une période momentanée de dormance. Le mouvement souverainiste Québécois est perçu comme faisant du sur place tandis que les autres Canadiens par peur de remettre le feu aux poudres ou par lassitude, se sont tournés vers d’autres enjeux, laissant là la question constitutionnelle, non résolue. Pourtant, c’est un problème des plus important qui mérite résolution et qui touche les Québécois de toute allégeance ainsi que tous les Canadiens.

Les aspirations Québécoises sont parfaitement légitimes, comment le Canada pourrait évoluer vers un équilibre plus juste entre les deux nation fondatrices. Qu’en est il de la voie mitoyenne, du retour au confédéralisme, du fédéralisme asymétrique? En un mot, comment sortir de l’impasse?

samedi 10 janvier 2009

De 2008 à 2009

Désolé de vous avoir laissé en plan si longtemps chers lecteurs, mais les exigences de la vie hors Internet et le temps des fêtes peuvent rattraper même les bloguistes. Toute bonne chose ayant une fin, me revoici donc prêt à vous déranger avec mes réflexions. Nous commencerons cependant tout en douceur, je ne vous parlerai de rien de précis aujourd’hui. Seulement quelques pensées, comme ça à la va vite, en cette année qui commence.

Certains m’ont demandé pourquoi je n’ai pas commenté les élections provinciales. Tout simplement parce que je ne voyais pas quoi dire qui ne l’avait pas été par d’autres. Que rajouter sur le faible taux de participation, sur le départ de Mario Dumont, sur la première femme chef de l’opposition au Québec, sur l’élection d’un député de Québec Solitaire, sur la majorité par la peau des dents de Jean Charest? Rien de vraiment intéressant à mon sens. Le faible taux de participation et le retour du vote aux partis traditionnels ne fait que confirmer le vide de cette élection. Les Québécois ont donné un chèque en blanc à Jean Charest pour 4 ans en espérant que d’ici là le discours évoluera. Est-ce que l’ADQ réussira à devenir une véritable force politique bien définie ou se dégonflera t il comme une baudruche dans l’après Mario? Qui pourrait vraiment le dire à ce stade ci… Est-ce que Québec Solidaire va faire changer l’ambiance à l’Assemblée Nationale? Je ne crois pas, du moins pas pour l’instant. Pauline? Elle va continuer à soigner son image et parler de souveraineté par moments afin de se préparer pour 2012. Ses chances sont bonnes, depuis Duplessis jamais le Québec n’a élu le même parti pendant plus de 10 ans…

À quoi peut on s’attendre cette année? L’habituel… Charest va continuer à privatiser la santé (si Dumont le fait c’est mal et à droite, si Charest le fait sans en parler au peuple c’est un fin stratège). On parlera beaucoup d’économie cette année, encore. Vous pouvez vous attendre à me voir décrier sa subversive campagne pour le français ainsi que des projets comme Rabaska ou tout autre action vendant le Québec à l’establishment, sans oublier son aplatissement total devant Ottawa. Quant au fédéral, on devrait s’en tirer sans élections cette année. Stephen Harper, grâce à la prorogation du parlement, a réussi à avorter la crise et à briser la coalition. Michael Ignatieff attendra son heure afin de former un gouvernement libéral majoritaire seul. Finis mes beaux rêves de plus de démocratie, de dialogue et de changements constitutionnels sans que Québec ne parte le bal… Ce geste de prorogation du premier ministre pour éviter un vote de non confiance reste tout de même un dangereux précédent pour l’avenir…

Allez tous, bonne année quand même!

mercredi 3 décembre 2008

Le parlementarisme britannique et ce qui se passe à Ottawa

Bonjour à tous, suite à la tournure que prennent les événements à Ottawa, je vais commencer par débiter quelques évidences qui semblent être ignorées par plusieurs, avant de continuer ma réflexion. Notre système démocratique est ce qu’on appelle le parlementarisme britannique. Ce système est régit par la constitution et voici comment il marche. Nous ne votons pas pour des partis mais pour des candidats locaux qui sont au nombre de 308 au Canada. Le député devenant le premier ministre est celui qui arrive à avoir la confiance d’une majorité de députés. Ce n’est pas nécessairement un chef de parti, ni même un membre du parti ayant le plus de sièges. Lorsque le premier ministre perd la confiance de la chambre, il doit démissionner, ce qui entraîne d’habitude des élections mais cette fois encore, pas nécessairement. Le gouverneur général (je sais c’est une femme, je parle au neutre pas seulement de celle en place actuellement), vrai chef de l’état canadien, le premier ministre n’étant que son conseiller, peut dans des circonstances particulières comme nous en vivons en ce moment, demander à quelqu’un d’autre d’assumer le poste de premier ministre si un autre député semble pouvoir s’assurer la confiance d’une majorité à la chambre. Donc, pour tous les détracteurs de la possible coalition dont on parle tant en ce moment, la situation actuelle n’est ni un coup d’état, ni un tour horrible et cynique de l’opposition mais bien un fonctionnement normal de notre système. Ce n’est qu’une longue suite de gouvernement majoritaires qui nous font sentir ces événements comme exceptionnels. La coalition avec l’appui du Bloc représente plus de 60 % des électeurs et plus de la moitié des représentants en chambre donc il est normal que le premier ministre soit nommé par ce consensus. Ceci dit, moi qui me suis souvent fait avocat de changements dans notre système, je trouve la situation fort intéressante, car elle pousse le dit système à ses limites et va me permettre de mettre en relief quelques idées.

Le gouverneur général : Ce poste non élu, vétuste, d’un autre âge représentant la reine d’Angleterre est néanmoins notre véritable chef d’État. On nous dit que ce n’est qu’honorifique mais c’est faux. Dans une situation comme en ce moment, le premier ministre manque de légitimité pour conseiller le gouverneur général, c’est donc cette personne non élue représentant un monarque d’outre-mer qui choisit tout seul l’avenir du Canada. Par exemple allons nous aller en élections cet hiver ou le pouvoir passera t il à la coalition? Si le parlementarisme canadien se met à utiliser de façon courante les possibilités des coalitions et des gouvernements minoritaires, c’est une raison de plus pour abroger ce poste qui peut à l’occasion reprendre un pouvoir inquiétant voire totalitaire et le remplacer par un autre mécanisme. Le seul recours d’un premier ministre en désaccord avec le gouverneur général est de tenter d’invalider sa décision par la Cour Suprême (autre organe non élu) ou d’en nommer un nouveau avec l’assentiment de la Reine d’Angleterre.

La théorie et la pratique : Malgré ce que je viens d’expliquer en début de texte à propos du système de votation, beaucoup de gens, encore plus dans les grands centres urbains, votent non pas en fonction du candidat mais en fonction du parti. De plus notre système est à un seul tour, ce qui fait qu’un député peut être élu avec un pourcentage de vote assez faible dans le cas d’une course à trois ou quatre, ce qui n’est pas fantastique pour leur légitimité de représentant. On ne peut pas non plus voter à la fois pour celui qu’on pense le plus compétent, tout en affirmant qu’idéologiquement on préfère tel parti. Comme je l’ai déjà dit, la situation actuelle est parfaitement normale. Alors pourquoi une crise politique? Il serait temps de vraiment se pencher sur les fonctionnalités de notre système et voir ce qu’on pourrait y améliorer. Serait-on mieux avec une proportionnelle mixte? Des élections à date fixe? Un système présidentiel? Une votation à plusieurs tours?

Toujours la constitution : On y revient encore. C’est là que le bas blesse. La fameuse constitution qui lie le Canada ensemble et que le Québec n’a pas signé. L’argumentation de fond de la présente crise est sur le fonctionnement du Canada. Et on ne peut changer le fonctionnement du Canada sans changer la constitution. Ce qui ouvrirait la porte aux revendications tout à fait légitime du Québec, mais aussi des autres provinces, en cette matière. C’est la grande peur d’Ottawa la constitution. Un changement constitutionnel pourrait faire un meilleur Canada qui sait? Mais cela pourrait aussi faire un Ottawa moins fort. C’est ça l’autre problème du Canada, Ottawa ne sait pas faire la différence entre son bien propre et celui du pays et parfois les deux ne vont pas de pair. Ouvrir la constitution, c’est synonyme d’un bras de fer terrible et hargneux avec les provinces. C’est décentraliser peut-être, encadrer le pouvoir d’Ottawa peut-être, laisser les forces autonomistes de l’ouest faire bande à part peut-être ou, pire que tout, donner une opportunité au Québec de démolir le Canada. C’est d’ailleurs en ce sens que Harper a mobilisé l’électorat de l’ouest cette semaine en affirmant que la coalition détruirait le pays à cause d’un pacte avec les souverainistes.

Tout ça pour dire qu’on est en train à Ottawa, de nous créer une crise constitutionnelle sans précédent, à partir d’un mécanisme normal, voire banal et que l’ouest se mobilise autour d’une haine irraisonné du Québec (pour une fois que c’est pas nous qui déclenchons la crise…). Que ça s’embrase ainsi ne fait que confirmer ce que je claironne depuis toujours; le débat constitutionnel qui a dominé les années 70 à 90 dans la politique canadienne, s’est soldé par un abandon, pas une résolution. Les politiciens ont tenté de l’oublier mais il est revenu au galop. Il reste donc à faire et pas seulement au Québec. Par contre, vu les précédents échecs et les beaux sentiments qu’expriment en ce moment nos compatriotes de l’ouest, peut-être qu’on devrait les laisser régler ça entre eux et finalement construire notre propre système à côté pour ensuite se parler comme des adultes responsables.

dimanche 30 novembre 2008

Un espoir au fédéral?

Les journaux nous apprennent que le gouvernement Harper se prépare à essuyer un vote de non confiance. Le parti libéral, en coalition avec le nouveau parti démocratique, aurait la charge de former un gouvernement. Bien sûr, peut être que rien de tout cela ne va se produire. Les conservateurs ont repoussé ce vote à plus tard, négociations intenses et jeux de coulisses doivent foisonner en ce moment sur la colline parlementaire. Mais admettons un instant que ça arrive. Admettons aussi, un coup parti, en tenant compte de la valse électorale qui anime le pays depuis un certain temps et de la présente crise financière, que ça dure. Admettons que les partis ne se poignarderont pas dans le dos d’ici six mois, qu’ils se laisseront le temps de travailler vraiment sous cette formule. Admettons que notre gouvernement de droite soit remplacé par une coalition de centre gauche qui devra être à l’écoute, faire des compromis.

Vous voulez que je vous dise? J’aimerais ça. Comme je l’ai déjà dit, le Canada est un pays vaste et hétérogène tant dans sa géographie que dans ses réalités politiques, économiques et sociales. C’est un ensemble jeune qui a cessé d’être une colonie britannique il y a très peu de temps. Un tel ensemble, se doit de continuer à évoluer. Donc comment gère-t-on un ensemble si disparate? Avec plus d’autonomie aux gouvernements régionaux, avec de l’écoute et des compromis justement.

Je rêve peut-être tout haut, mais j’aimerais ça. La fin des gouvernements majoritaires, la fin de l’arrogance, la fin d’une centralisation qui n’a pas sa place dans la Confédération Canadienne. Nos politiciens comprendront-ils l’opportunité que peut représenter cette situation pour faire faire un pas en avant au Canada ou auront nous droit encore aux mêmes querelles stériles?

Pendant un moment, je vais rêver. Il y aurait un espoir au fédéral…

samedi 29 novembre 2008

Le débat des chefs ou la non pertinence de Charest

Cette semaine, j’ai écouté le débat des chefs. Je ne tenterai pas une analyse profonde ou un plaidoyer politique quelconque, mais je jeux vous parler de mes impressions comme ça, sans façons à bâtons rompus.

Ce que j’ai aimé en tout premier lieu, c’est la presque humilité qui s’est glissée dans le discours de l’opposition. Nous avons vu Mario Dumont exposant son point de vue de manière posée, affirmant la différence de son approche avec les autres partis tout en leur concédant des bons coups, pointant tel ou tel dossier où il serait prêt à tendre la main. Nous avons vu Pauline Marois en possession de ses moyens, presque sereine, repoussant vagues après vagues les attaques pré enregistrées de Jean Charest tout en expliquant ses idées.

Ce que j’ai moins aimé, c’est l’attitude de notre premier ministre. Après six ans de gouvernance, blâmer systématiquement Pauline Marois pour le manque de résultats du parti libéral en santé et en éducation, c’est un non sens. Jean Charest ne m’a rien appris de nouveau durant ce débat. Il a été en mode robot toute la soirée; trop de mains sur le gouvernail, tempête économique, caisse de dépôt est indépendante, l’opposition veut une crise constitutionnelle en ces temps durs, plan du grand nord… Il était au bord de l’exaspération sous le feu de ses adversaires, fermé au dialogue. Il a simplement continué à marteler son propos. Cette élection est selon moi le comble du cynisme et de l’arrogance de sa part. Je n’ai jamais autant eu l’impression que le parti libéral n’est qu’un parti de gros intérêts. Jean Charest aurait beaucoup à apprendre de certains des grands chefs du PLQ passé.

Finalement, vous savez ce que je comprends de ce débat? Il y a de grandes forces qui poussent vers un changement au Québec. Les gens ne savent juste plus comment le formuler. La vieille génération s’est battue toute sa vie et a vu l’échec des référendums et des pactes constitutionnels, elle est à cours d’idées. La nouvelle quant à elle, ne sait plus où se placer entre les enjeux économiques, environnementalistes, mondiaux, l’idéal péquiste et les idées parfois un peu drastiques ou maladroites de l’ADQ. Tandis que les gens se cherchent ou attendent le messie qui va réussir à bien formuler tout ça, nous avons Jean Charest; l’homme qui ne veut surtout pas parler des vrais enjeux du Québec. Je ne blâme pas le Québec d’être prudent. Pourtant, c’est de ces enjeux qu’il faut débattre si nous voulons préciser notre sentiment politique et voir enfin le Québec avancer selon nos aspirations. À quand la fin du présentisme et de l’immobilisme? À quand la vraie alternative que je sens confusément à travers vous tous? À quand la fin de Jean Charest?

mardi 18 novembre 2008

Un projet de société


Ça fait défaut, nous n’en avons plus. Au Canada, Dion a fait un essai peut-être, je ne suis pas sûr que son parti suivra à nouveau cette voie de si tôt. Au Québec, si je regarde la campagne actuelle, c’est le néant. Chacun vante son équipe comme étant la meilleure et essaie de mettre ses rivaux dans l’embarras. Les promesses ne sont que des bonbons électoraux ou des solutions rapides à des problèmes profonds. Aucune vision d’ensemble, aucun projet structurant, aucun débat de société. Voilà sur quoi je veux discourir aujourd’hui.

D’emblée les péquistes me diront : « La souveraineté du Québec c’est l’ultime projet de société! Comment pouvez vous dire que l’on en a aucun M. Fortin? » Je m’explique. La souveraineté est le moyen pour les Québécois d’avoir les pleins pouvoirs afin de bâtir leur société comme ils le veulent. Avec ces pouvoirs le Québec aurait la plus grande liberté possible pour réaliser son projet de société mais l’obtention des dits pouvoirs n’est qu’une étape d’un projet de société qui se doit être beaucoup plus vaste. Personnellement je pense que c’est le grand problème du PQ aujourd’hui. Ce parti a dépensé tellement d’énergie à nous convaincre que la souveraineté est économiquement viable et à se défendre contre les attaques de fermeture d’esprit des fédéralistes que quelque part en route, le PQ a oublié l’articulation du comment et du pourquoi. Le comment pas dans le sens est-ce qu’on fait un référendum ou une élection référendaire. Le comment dans le sens comment veut on vivre ensemble? Quelles sont les choses qu’on ne peut faire au Canada et qu’on ferait au Québec? Comment nos valeurs se transposeraient elles mieux dans nos nouveaux systèmes politiques et législatifs? Comment négocierions nous avec les autres nations? Comment ce pays serait la fierté de son peuple et garant de sa culture? Un tel projet de société, ça se discute et il faut en débattre continuellement pour le préciser, l’actualiser.

Désolé pour cet écart, je vous rappelle que mon présent objet sont les projets de société et non la souveraineté du Québec. Je dois pourtant continuer à en parler car le cas spécifique du Québec, influence la majeure parti da sa donne politique et de ses projets de société. En effet, la question identitaire de cette province la mène dans un cul de sac en ce qui concerne les projets de société. Le Québec, avec ses demis pouvoirs ne peut mener à bien tous les projets qu’il voudrait sans le concours du fédéral qui détient le reste des pouvoirs. Par contre, tout projet semblant un peu trop glorifier le caractère distinct du Québec est très vite vu comme suspect voire séparatiste par le gouvernement central, cela nous donne donc des projets larvés. Les projets fédéraux au contraire, sont souvent perçu par les Québécois comme des ingérences mal venues dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas vraiment. Cela a pour résultat que le Québec ne fait que les projets qu’il peut et le fédéral que les projets qu’il ose. Les deux paliers ne sachant s’entendre on en arrive à une culture du statut quo. Hors rien n’est plus nocif que le statut quo. Lorsqu’un organisme cesse d’évoluer, il est condamné à disparaître.

Le Québec et le Canada sont un/des pays jeune(s), le pacte de 1867 n’est pas respecté, la constitution de 1982 n’est pas signée, les accords suivants ont échoué. Ne me dites pas que les gens ne sont pas prêts, que le débat constitutionnel est passé mode ou que nous n’avons que faire de projet de société. Fédéralistes et souverainistes entendez moi! Que ce soit une refonte acceptable du pacte canadien ou que ce soit la souveraineté accompagnée de partenariats privilégiés avec le Canada dans certains domaines, les deux options sont viables et légitimes. Mais le statut quo actuel et le vide politique présent sont la défaite autant des fédéralistes que des souverainistes. Québécois, il faut faire cesser la culture de la victime et du mécontentement! Tous ensemble nous devons nous redonner un rêve, un projet. Nous devons nous redonner la fierté et la conviction que nous pouvons accomplir les choses les meilleures et les plus élevées. Pour cela il faut prendre les moyens. C’est à dire renégocier le pacte canadien et finalement être parti prenante de l’épopée canadienne à part entière selon nos conditions ou bien se donner un état souverain du Québec. Mais je vous en prie assez de tergiversations! Il n’est jamais de meilleur moment qu’aujourd’hui pour entreprendre une action. Ce n’est pas dans un siècle lorsque le poids francophone sera devenu infime au Canada que l’on aura une meilleure conjoncture pour renégocier la constitution ou pour tenter de sortir de ce pays.

Le débat reste donc à faire et le projet de société à préciser. Un tel projet a ses racines dans les valeurs, les aspirations et les rêves du tissu social. On ne peut le mettre au placard. La population doit en parler et s’y reconnaître. Un projet de société auquel on adhère fait parti des ingrédients d’une politique bien vivante et d’un sain patriotisme. N’écoutons pas nos politiciens qui ne veulent surtout pas d’une discussion aussi substantielle et tentent de surfer la campagne présente sur des enjeux à court terme. Québécois envoyons un message clair à nos représentants pour qu’ils se retroussent les manches et s’attaquent à faire un Québec et un Canada meilleurs au lieu de rester le nez plongé dans leurs livres de chiffres.

dimanche 9 novembre 2008

La victoire du discours unique et de la non gouvernance

Vous savez, je viens de mettre le doigt sur un fait qui me choque beaucoup ces temps ci dans notre politique Québécoise. Ça faisait un bout de temps que ça me travaillait voyez vous, comme une écharde placée dans un endroit difficile à atteindre, quand j’ai fini par trouver. Le discours! Depuis le début du nouveau millénaire au Québec, il n’y en a qu’un et il est loin d’être porteur. Je vous entends déjà piailler : « Voyons M. Fortin vous divaguez! On a trois partis majeurs au Québec sans compter les autres groupes d’intérêt. Tous ces bonnes gens se crêpent sans cesse le chignon. Comment pourrait il y avoir un seul discours? » Cessez tout de suite! Je vous dis que si. Quel est il ce discours unique qui sévit dans notre belle société distincte qui se targue des valeurs d’ouverture, d’entraide et de progrès? Je vais vous le résumer. Je vous défie de me dire à la fin de l’odieuse description qui s’en vient que c’est faux et que vous n’avez pas eu un arrière goût acre et familier dans la bouche à la lecture de la suite.

L’incapacité de changement : Le premier point du discours unique est l’incapacité de notre société à un créer changement positif. Si ce n’est pas la faute de la bureaucratie, des fonctionnaires ou du gouvernement précédent, il y aura une bonne raison scientifique, économique, environnementale, internationale ou légale pour rendre impossible le dit changement. Quand un changement passe pourtant cette première étape ce sera alors tergiversations sans fins entre les différents intéressés du projets et groupes de pressions de toute sortes pendant si longtemps que si jamais projet il y a, personne ne sera content du compromis. On se rappellera finalement que ça a coûté bien plus cher que prévu et que somme toute, c’était une mauvaise décision et qu’on serait mieux de ne rien faire du tout la prochaine fois. À cela nous pouvons encore rajouter les compétences de nature fédérales sur lesquelles on ne peut agir ainsi que la Cour Suprême qui empêche parfois, voire souvent, l’Assemblé Nationale de légiférer aussi loin qu’elle le devrait dans son propre champ d’activité. L’enjeu de la souveraineté a exacerbé encore plus ce point. Bien des fédéralistes, voyant toute initiative Québécoise visant à se donner des pouvoirs de faire lui même des changements comme une menace pour l’unité canadienne, se félicitent stupidement d’un statut quo nocif. L’incapacité de changement conditionne la population à avoir des attentes très basses envers ses gouvernements et à croire aux vertus de l’immobilisme. Le parti au pouvoir n’est alors tenu que de continue à faire rouler la machine, tant qu’il ne fait pas de bruit, pour le reste il a carte blanche.

La dictature du politiquement correct : Grâce à ce point, on s’assure de réduire le plus possible l’ouverture du débat à l’aide d’une pseudo rectitude menant la joute vers un terrain convenu. Toutes les idées hors de cette arène deviennent marginales, stupides, rétrogrades, racistes ou encore vues comme portant atteinte à la sensibilité ou aux droits d’une minorité quelconque. C’est un bâillon des plus efficaces. Par exemple, le débat sur le seuil de l’immigration au Québec est tout à fait légitime. Combien de personnes pouvons nous accueillir chaque année tout en ayant les ressources adéquates pour les aider à se faire leur place parmi nous? Mais lorsque Dumont a évoqué maladroitement la question, il s’est fait étiqueter comme un extrémiste de droite. Pourtant la question était pertinente, si on se ramasse avec des bidonvilles de gens mal intégrés autour de nos centres comme en France parce qu’on ouvre toute grande la porte sans penser plus loin, ça n’aidera personne.

Le privé magique : Avant d’aller plus loin laissez moi faire une parenthèse. Je crois aux aspects positifs du capitalisme, à l’effet stimulant sur les gens avec des ambitions et des rêves qui tentent de se dépasser, à la libre entreprise créatrice de richesse, au réseau d’échanges et de contacts magnifiques que peut être le marché. Maintenant allons-y pour le privé magique! Ce point vise à mettre l’argent des contribuables entre les mains d’une élite financière grâce à un discours vantant les mérites du libre échange et de l’entreprise privé. Une fois la population convaincue du bien fondé du principe de créer de la richesse en stimulant l’économie, le gouvernement peut allègrement distribuer ses fonds et ses avoirs pour le plus grand bénéfice de l’élite mentionné ci haut. Par exemple, malgré que bien des études ont prouvé dans les années 60 qu’un système de santé publique était bien supérieur à un privé, on entend plus parler que de privatisation en santé. Je veux bien croire que notre système a besoin d’être améliorer et qu’on peut déléguer certaines choses au privé mais depuis quand est-ce devenu le seul moyen? Vive le lobbying! Quant à vendre Hydro Québec pour payer la dette ou subventionner des multi nationales pour sauver quelques emplois en région… Le privé et l’économie sont devenus la réponse à absolument tout! On peut affirmer que malgré nos belles valeurs de gauche, tous les partis du Québec sont bien à droite…

Donc c’était en peu de mots l’idéologie dominante des années 2000 au Québec. Quand je pense à l’ère des grands projets, à la révolution tranquille, à cette époque d’idéalisme où tout semblait possible pour le Québec et le Canada, je me sens bien triste. Quand avons nous donc perdu le feu sacré? Quand avons nous arrêté de marcher vers un projet de société meilleure? Quand avons nous commencé à vivre au jour le jour en ne cherchant que le confort matériel et en nous déresponsabilisant totalement sur l’avenir de notre nation? Des élections (encore) s’en viennent et je ne vois aucune issue au triste état des choses que je viens d’énoncer. Vous tous qui m’écoutez, entendez moi; peu importe l’allégeance politique, l’ère du laisser faire, de la domination économique et de la non gouvernance doit cesser! Un projet de société moderne, crédible, meilleur doit nous animer à nouveau. L’ère du cynisme ne fera qu’un temps, à quand celle du renouveau?