dimanche 30 novembre 2008

Un espoir au fédéral?

Les journaux nous apprennent que le gouvernement Harper se prépare à essuyer un vote de non confiance. Le parti libéral, en coalition avec le nouveau parti démocratique, aurait la charge de former un gouvernement. Bien sûr, peut être que rien de tout cela ne va se produire. Les conservateurs ont repoussé ce vote à plus tard, négociations intenses et jeux de coulisses doivent foisonner en ce moment sur la colline parlementaire. Mais admettons un instant que ça arrive. Admettons aussi, un coup parti, en tenant compte de la valse électorale qui anime le pays depuis un certain temps et de la présente crise financière, que ça dure. Admettons que les partis ne se poignarderont pas dans le dos d’ici six mois, qu’ils se laisseront le temps de travailler vraiment sous cette formule. Admettons que notre gouvernement de droite soit remplacé par une coalition de centre gauche qui devra être à l’écoute, faire des compromis.

Vous voulez que je vous dise? J’aimerais ça. Comme je l’ai déjà dit, le Canada est un pays vaste et hétérogène tant dans sa géographie que dans ses réalités politiques, économiques et sociales. C’est un ensemble jeune qui a cessé d’être une colonie britannique il y a très peu de temps. Un tel ensemble, se doit de continuer à évoluer. Donc comment gère-t-on un ensemble si disparate? Avec plus d’autonomie aux gouvernements régionaux, avec de l’écoute et des compromis justement.

Je rêve peut-être tout haut, mais j’aimerais ça. La fin des gouvernements majoritaires, la fin de l’arrogance, la fin d’une centralisation qui n’a pas sa place dans la Confédération Canadienne. Nos politiciens comprendront-ils l’opportunité que peut représenter cette situation pour faire faire un pas en avant au Canada ou auront nous droit encore aux mêmes querelles stériles?

Pendant un moment, je vais rêver. Il y aurait un espoir au fédéral…

samedi 29 novembre 2008

Le débat des chefs ou la non pertinence de Charest

Cette semaine, j’ai écouté le débat des chefs. Je ne tenterai pas une analyse profonde ou un plaidoyer politique quelconque, mais je jeux vous parler de mes impressions comme ça, sans façons à bâtons rompus.

Ce que j’ai aimé en tout premier lieu, c’est la presque humilité qui s’est glissée dans le discours de l’opposition. Nous avons vu Mario Dumont exposant son point de vue de manière posée, affirmant la différence de son approche avec les autres partis tout en leur concédant des bons coups, pointant tel ou tel dossier où il serait prêt à tendre la main. Nous avons vu Pauline Marois en possession de ses moyens, presque sereine, repoussant vagues après vagues les attaques pré enregistrées de Jean Charest tout en expliquant ses idées.

Ce que j’ai moins aimé, c’est l’attitude de notre premier ministre. Après six ans de gouvernance, blâmer systématiquement Pauline Marois pour le manque de résultats du parti libéral en santé et en éducation, c’est un non sens. Jean Charest ne m’a rien appris de nouveau durant ce débat. Il a été en mode robot toute la soirée; trop de mains sur le gouvernail, tempête économique, caisse de dépôt est indépendante, l’opposition veut une crise constitutionnelle en ces temps durs, plan du grand nord… Il était au bord de l’exaspération sous le feu de ses adversaires, fermé au dialogue. Il a simplement continué à marteler son propos. Cette élection est selon moi le comble du cynisme et de l’arrogance de sa part. Je n’ai jamais autant eu l’impression que le parti libéral n’est qu’un parti de gros intérêts. Jean Charest aurait beaucoup à apprendre de certains des grands chefs du PLQ passé.

Finalement, vous savez ce que je comprends de ce débat? Il y a de grandes forces qui poussent vers un changement au Québec. Les gens ne savent juste plus comment le formuler. La vieille génération s’est battue toute sa vie et a vu l’échec des référendums et des pactes constitutionnels, elle est à cours d’idées. La nouvelle quant à elle, ne sait plus où se placer entre les enjeux économiques, environnementalistes, mondiaux, l’idéal péquiste et les idées parfois un peu drastiques ou maladroites de l’ADQ. Tandis que les gens se cherchent ou attendent le messie qui va réussir à bien formuler tout ça, nous avons Jean Charest; l’homme qui ne veut surtout pas parler des vrais enjeux du Québec. Je ne blâme pas le Québec d’être prudent. Pourtant, c’est de ces enjeux qu’il faut débattre si nous voulons préciser notre sentiment politique et voir enfin le Québec avancer selon nos aspirations. À quand la fin du présentisme et de l’immobilisme? À quand la vraie alternative que je sens confusément à travers vous tous? À quand la fin de Jean Charest?

mardi 18 novembre 2008

Un projet de société


Ça fait défaut, nous n’en avons plus. Au Canada, Dion a fait un essai peut-être, je ne suis pas sûr que son parti suivra à nouveau cette voie de si tôt. Au Québec, si je regarde la campagne actuelle, c’est le néant. Chacun vante son équipe comme étant la meilleure et essaie de mettre ses rivaux dans l’embarras. Les promesses ne sont que des bonbons électoraux ou des solutions rapides à des problèmes profonds. Aucune vision d’ensemble, aucun projet structurant, aucun débat de société. Voilà sur quoi je veux discourir aujourd’hui.

D’emblée les péquistes me diront : « La souveraineté du Québec c’est l’ultime projet de société! Comment pouvez vous dire que l’on en a aucun M. Fortin? » Je m’explique. La souveraineté est le moyen pour les Québécois d’avoir les pleins pouvoirs afin de bâtir leur société comme ils le veulent. Avec ces pouvoirs le Québec aurait la plus grande liberté possible pour réaliser son projet de société mais l’obtention des dits pouvoirs n’est qu’une étape d’un projet de société qui se doit être beaucoup plus vaste. Personnellement je pense que c’est le grand problème du PQ aujourd’hui. Ce parti a dépensé tellement d’énergie à nous convaincre que la souveraineté est économiquement viable et à se défendre contre les attaques de fermeture d’esprit des fédéralistes que quelque part en route, le PQ a oublié l’articulation du comment et du pourquoi. Le comment pas dans le sens est-ce qu’on fait un référendum ou une élection référendaire. Le comment dans le sens comment veut on vivre ensemble? Quelles sont les choses qu’on ne peut faire au Canada et qu’on ferait au Québec? Comment nos valeurs se transposeraient elles mieux dans nos nouveaux systèmes politiques et législatifs? Comment négocierions nous avec les autres nations? Comment ce pays serait la fierté de son peuple et garant de sa culture? Un tel projet de société, ça se discute et il faut en débattre continuellement pour le préciser, l’actualiser.

Désolé pour cet écart, je vous rappelle que mon présent objet sont les projets de société et non la souveraineté du Québec. Je dois pourtant continuer à en parler car le cas spécifique du Québec, influence la majeure parti da sa donne politique et de ses projets de société. En effet, la question identitaire de cette province la mène dans un cul de sac en ce qui concerne les projets de société. Le Québec, avec ses demis pouvoirs ne peut mener à bien tous les projets qu’il voudrait sans le concours du fédéral qui détient le reste des pouvoirs. Par contre, tout projet semblant un peu trop glorifier le caractère distinct du Québec est très vite vu comme suspect voire séparatiste par le gouvernement central, cela nous donne donc des projets larvés. Les projets fédéraux au contraire, sont souvent perçu par les Québécois comme des ingérences mal venues dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas vraiment. Cela a pour résultat que le Québec ne fait que les projets qu’il peut et le fédéral que les projets qu’il ose. Les deux paliers ne sachant s’entendre on en arrive à une culture du statut quo. Hors rien n’est plus nocif que le statut quo. Lorsqu’un organisme cesse d’évoluer, il est condamné à disparaître.

Le Québec et le Canada sont un/des pays jeune(s), le pacte de 1867 n’est pas respecté, la constitution de 1982 n’est pas signée, les accords suivants ont échoué. Ne me dites pas que les gens ne sont pas prêts, que le débat constitutionnel est passé mode ou que nous n’avons que faire de projet de société. Fédéralistes et souverainistes entendez moi! Que ce soit une refonte acceptable du pacte canadien ou que ce soit la souveraineté accompagnée de partenariats privilégiés avec le Canada dans certains domaines, les deux options sont viables et légitimes. Mais le statut quo actuel et le vide politique présent sont la défaite autant des fédéralistes que des souverainistes. Québécois, il faut faire cesser la culture de la victime et du mécontentement! Tous ensemble nous devons nous redonner un rêve, un projet. Nous devons nous redonner la fierté et la conviction que nous pouvons accomplir les choses les meilleures et les plus élevées. Pour cela il faut prendre les moyens. C’est à dire renégocier le pacte canadien et finalement être parti prenante de l’épopée canadienne à part entière selon nos conditions ou bien se donner un état souverain du Québec. Mais je vous en prie assez de tergiversations! Il n’est jamais de meilleur moment qu’aujourd’hui pour entreprendre une action. Ce n’est pas dans un siècle lorsque le poids francophone sera devenu infime au Canada que l’on aura une meilleure conjoncture pour renégocier la constitution ou pour tenter de sortir de ce pays.

Le débat reste donc à faire et le projet de société à préciser. Un tel projet a ses racines dans les valeurs, les aspirations et les rêves du tissu social. On ne peut le mettre au placard. La population doit en parler et s’y reconnaître. Un projet de société auquel on adhère fait parti des ingrédients d’une politique bien vivante et d’un sain patriotisme. N’écoutons pas nos politiciens qui ne veulent surtout pas d’une discussion aussi substantielle et tentent de surfer la campagne présente sur des enjeux à court terme. Québécois envoyons un message clair à nos représentants pour qu’ils se retroussent les manches et s’attaquent à faire un Québec et un Canada meilleurs au lieu de rester le nez plongé dans leurs livres de chiffres.

dimanche 9 novembre 2008

La victoire du discours unique et de la non gouvernance

Vous savez, je viens de mettre le doigt sur un fait qui me choque beaucoup ces temps ci dans notre politique Québécoise. Ça faisait un bout de temps que ça me travaillait voyez vous, comme une écharde placée dans un endroit difficile à atteindre, quand j’ai fini par trouver. Le discours! Depuis le début du nouveau millénaire au Québec, il n’y en a qu’un et il est loin d’être porteur. Je vous entends déjà piailler : « Voyons M. Fortin vous divaguez! On a trois partis majeurs au Québec sans compter les autres groupes d’intérêt. Tous ces bonnes gens se crêpent sans cesse le chignon. Comment pourrait il y avoir un seul discours? » Cessez tout de suite! Je vous dis que si. Quel est il ce discours unique qui sévit dans notre belle société distincte qui se targue des valeurs d’ouverture, d’entraide et de progrès? Je vais vous le résumer. Je vous défie de me dire à la fin de l’odieuse description qui s’en vient que c’est faux et que vous n’avez pas eu un arrière goût acre et familier dans la bouche à la lecture de la suite.

L’incapacité de changement : Le premier point du discours unique est l’incapacité de notre société à un créer changement positif. Si ce n’est pas la faute de la bureaucratie, des fonctionnaires ou du gouvernement précédent, il y aura une bonne raison scientifique, économique, environnementale, internationale ou légale pour rendre impossible le dit changement. Quand un changement passe pourtant cette première étape ce sera alors tergiversations sans fins entre les différents intéressés du projets et groupes de pressions de toute sortes pendant si longtemps que si jamais projet il y a, personne ne sera content du compromis. On se rappellera finalement que ça a coûté bien plus cher que prévu et que somme toute, c’était une mauvaise décision et qu’on serait mieux de ne rien faire du tout la prochaine fois. À cela nous pouvons encore rajouter les compétences de nature fédérales sur lesquelles on ne peut agir ainsi que la Cour Suprême qui empêche parfois, voire souvent, l’Assemblé Nationale de légiférer aussi loin qu’elle le devrait dans son propre champ d’activité. L’enjeu de la souveraineté a exacerbé encore plus ce point. Bien des fédéralistes, voyant toute initiative Québécoise visant à se donner des pouvoirs de faire lui même des changements comme une menace pour l’unité canadienne, se félicitent stupidement d’un statut quo nocif. L’incapacité de changement conditionne la population à avoir des attentes très basses envers ses gouvernements et à croire aux vertus de l’immobilisme. Le parti au pouvoir n’est alors tenu que de continue à faire rouler la machine, tant qu’il ne fait pas de bruit, pour le reste il a carte blanche.

La dictature du politiquement correct : Grâce à ce point, on s’assure de réduire le plus possible l’ouverture du débat à l’aide d’une pseudo rectitude menant la joute vers un terrain convenu. Toutes les idées hors de cette arène deviennent marginales, stupides, rétrogrades, racistes ou encore vues comme portant atteinte à la sensibilité ou aux droits d’une minorité quelconque. C’est un bâillon des plus efficaces. Par exemple, le débat sur le seuil de l’immigration au Québec est tout à fait légitime. Combien de personnes pouvons nous accueillir chaque année tout en ayant les ressources adéquates pour les aider à se faire leur place parmi nous? Mais lorsque Dumont a évoqué maladroitement la question, il s’est fait étiqueter comme un extrémiste de droite. Pourtant la question était pertinente, si on se ramasse avec des bidonvilles de gens mal intégrés autour de nos centres comme en France parce qu’on ouvre toute grande la porte sans penser plus loin, ça n’aidera personne.

Le privé magique : Avant d’aller plus loin laissez moi faire une parenthèse. Je crois aux aspects positifs du capitalisme, à l’effet stimulant sur les gens avec des ambitions et des rêves qui tentent de se dépasser, à la libre entreprise créatrice de richesse, au réseau d’échanges et de contacts magnifiques que peut être le marché. Maintenant allons-y pour le privé magique! Ce point vise à mettre l’argent des contribuables entre les mains d’une élite financière grâce à un discours vantant les mérites du libre échange et de l’entreprise privé. Une fois la population convaincue du bien fondé du principe de créer de la richesse en stimulant l’économie, le gouvernement peut allègrement distribuer ses fonds et ses avoirs pour le plus grand bénéfice de l’élite mentionné ci haut. Par exemple, malgré que bien des études ont prouvé dans les années 60 qu’un système de santé publique était bien supérieur à un privé, on entend plus parler que de privatisation en santé. Je veux bien croire que notre système a besoin d’être améliorer et qu’on peut déléguer certaines choses au privé mais depuis quand est-ce devenu le seul moyen? Vive le lobbying! Quant à vendre Hydro Québec pour payer la dette ou subventionner des multi nationales pour sauver quelques emplois en région… Le privé et l’économie sont devenus la réponse à absolument tout! On peut affirmer que malgré nos belles valeurs de gauche, tous les partis du Québec sont bien à droite…

Donc c’était en peu de mots l’idéologie dominante des années 2000 au Québec. Quand je pense à l’ère des grands projets, à la révolution tranquille, à cette époque d’idéalisme où tout semblait possible pour le Québec et le Canada, je me sens bien triste. Quand avons nous donc perdu le feu sacré? Quand avons nous arrêté de marcher vers un projet de société meilleure? Quand avons nous commencé à vivre au jour le jour en ne cherchant que le confort matériel et en nous déresponsabilisant totalement sur l’avenir de notre nation? Des élections (encore) s’en viennent et je ne vois aucune issue au triste état des choses que je viens d’énoncer. Vous tous qui m’écoutez, entendez moi; peu importe l’allégeance politique, l’ère du laisser faire, de la domination économique et de la non gouvernance doit cesser! Un projet de société moderne, crédible, meilleur doit nous animer à nouveau. L’ère du cynisme ne fera qu’un temps, à quand celle du renouveau?

jeudi 6 novembre 2008

Est-ce que ça marche?

Quand on sait qu’il y a respectivement plus de ministres tant au Québec qu’au Canada qu’il en faut aux États-Unis ou à la France pour gérer des populations bien plus grandes…
Quand on sait que bien des décisions canadiennes importantes se décident à huis clos dans le bureau du Premier Ministre avec quelques conseillers non élus…
Quand on sait qu’il est faux que les entreprises sont surimposés au Canada et qu’il faut leur offrir des crédits pour les attirer…
Quand on sait qu’un gouvernement peut obtenir une majorité et agir impunément pendant 4 ans avec moins de 40% des votes…
Quand on sait que le seul arbitre de la légitimité des lois du dit gouvernement est la Cour Suprême qu’il nomme en partie lui-même…
Quand on sait que cette dite cour peut invalider les lois de l’Assemblée Nationale élue démocratiquement par le Québec en vertu d’une Constitution que la dite Assemblée a refusé de signer quasi-unanimement…
Quand on sait qu’au Québec tous les médias, outil suprême d’information et d'expression des masses, sont possédés par trois ou quatre conglomérats…
Quand il semble que plus personne ne s’offusque ou ose parler de tout ce que je viens de mentionner ci haut…

La démocratie… est-ce que ça marche?

mercredi 5 novembre 2008

À propos de la représentativité canadienne

À peine sortis d’élections fédérales dont les sondages nous disent que le taux de participation descend toujours, Jean Charest entend en déclencher à son tour au palier provincial. Il n’y a pas à dire, les élections sont notre sport national. La population semble cynique, amorphe, résignée; rien de nouveau sous le soleil. Les politiciens font des pieds et des mains pour obtenir l’attention de ce public ingrat, l’électorat rétif. « Nous allons vous amener du changement! » dit l’un. « Nous allons vous protéger de l’économie! » dit l’autre. Peine perdue, aucun de ces messieurs dames n’arrivent plus à émouvoir le bon peuple. « Mais que veut-il donc se satané bon peuple? » se demandent nos pauvres politiciens. Je n’aurai pas l’arrogance de prétendre être la voix du peuple mais je vais vous exprimer une idée que j’ai. Le peuple, il veut se sentir représenté.

Jusqu’ici ça ne semble pas trop difficile; c’est la base même de la démocratie, c’est à ça que servent nos élus. « De quoi vous plaignez-vous M. Fortin? Pourquoi je perds mon temps à vous lire aujourd’hui? » Un instant, un instant, j’y viens! C’est ça le problème dans notre beau système canadien; la représentativité, on ne la sent plus. Ça a l’air idiot comme ça, vu que c’est en théorie le fondement même de nos gouvernements. C’est subtil, insidieux mais d’une chose à l’autre, nous ne sommes plus vraiment représentés! C’est la faute de personne en particulier, c’est systémique voyez-vous… Comment cela? Il y a plusieurs raisons. Allons-y comme ça au hasard…

Les votes à mains levée en chambre : C’est juste un détail en passant. Contrairement aux États-Unis où les députés votent en secret selon ce qu’ils croient juste, les canadiens votent à main levée. Ce mode de décision entraîne la quasi-impossibilité de voter contre son propre parti en chambre lorsque ce dernier prend une décision douteuse ou néfaste pour votre région. En effet, ce mécanisme a poussé pernicieusement à son paroxysme le concept de ligne de parti et les conséquences de défier la dite ligne. Ce qui à son tour transforme les députés en défenseur de la ligne dans leur circonscription et non en défenseur des idéaux de la circonscription dans le gouvernement.

Ligne de parti et réalité canadienne : Le Canada est un pays vaste et polymorphe aussi bien dans sa géographie, ses cultures, ses réalités économiques régionales que ses opinions politiques. Le but d’un parti est de rallier autour de sa pensée une majorité de gens afin d’obtenir le pouvoir de diriger le pays dans la direction de sa pensée. Hors, pour rallier une majorité de gens aux vies, besoins, espoirs, désirs si disparates, une ligne de parti est nécessairement un ramassis marketing vague, édulcoré. C’est comme de la chanson commerciale, le rythme est là mais sans message, on se lasse vite. Personne ne se reconnaît plus vraiment dans ce café au lait politique fade que les élus défendent au lieu d’écouter ceux qu’ils sont sensé représenter. Voilà aussi le secret de la popularité du Bloc Québécois; les Québécois se sentent plus représentés par le Bloc qu’ils ne l’ont jamais été avec les Libéraux de Trudeau à Martin ou les Conservateur que ce soit ceux de Mulroney ou d’Harper. Le Bloc, parti d’une seule province à jamais relégué dans l’opposition, donne l’impression d’être plus en phase avec ceux qu’il représente et ne peut faire figure de laquais d’Ottawa. Que les adversaires du Bloc ne m’enterrent pas sous une pile de courriels argumentant que ce parti est une aberration inefficace et qu’il vaut mieux avoir des gens dans le parti au pouvoir pour être bien représenté. Ce n’est pas le sujet du présent texte. Je ne me poserai donc pas en analyste des résultats politiques du Bloc. Nous parlons ici de la perception de la représentation et sur ce point, le Bloc semble mieux réussir que tous les autres partis.

Café au lait politique fade, complexité du monde moderne et autres intérêts : Vous me pardonnerez si je coupe les coins ronds, rappelez-vous que l’on parle de perceptions et que je tente de vous dresser un portrait global. Donc, nous avons un café au lait quelconque au pouvoir. Premier souci, sa réélection. Mais une organisation de parti et une élection ça coûte cher! Les amis fortunés du parti ont investi des millions dans ce café au lait, il faut obtenir des résultats si on veut garder ce genre d’amis. Donc on va légiférer dans leur sens. Pour le reste, c’est un café fade de toute façon, on va faire ce que l’on peut. Et si on ne peut pas? Eh bien on blâmera la mondialisation, la bureaucratie, la complexité des enjeux modernes et surtout qu’il ne faut pas faire cafouiller la sacro-sainte économie. On a habitué l’électorat à avoir si peu d’attentes, il va gober sans faire de bruit tant qu’on lui garantit un confort minimum et qu’on lui rappelle que c’est bien pire ailleurs. Il est là le problème, il n’est pas dupe l’électorat. Le seul bout qu’il a vraiment avalé c’est l’impossibilité de changer le système sans porter atteinte à son confort.

Gouvernements minoritaires et traditions canadiennes : On en parle plus depuis un certain temps; les gouvernements minoritaires ça peut marcher. Il y a tout un tas de pays qui fonctionnent presque exclusivement en mode minoritaire avec des coalitions et parfois plus d’une dizaine de partis sont représentés au parlement. Mais quand le système de représentation permet à un parti de récolter 10% des voix sans remporter un seul siège comme c’est le cas au Canada, alors c’est impossible. De plus, nos traditions politiques sont allergiques aux gouvernements minoritaires. Si on regarde l’histoire canadienne, il fut rare de voir un gouvernement minoritaire durer plus de deux ans sans se faire détrôner par l’opposition. Nos politiciens sont si dérouté par ce choix de la population qu’en ce moment, comme l’opposition ne les défait pas, ils s’en chargent eux-mêmes dans l’espoir d’une majorité qui ne vient pas! « Mais qu’attendent donc les Canadiens? » s’écrient-ils. Peut-être une nouvelle génération de dirigeants avec des idées neuves et plus d’intégrité. Ils vous donnent tout simplement le moins de pouvoir possible dans l’intervalle.

Alors, comme je le disais au début, il est amorphe, résigné, cynique le bon peuple et ce n’est pas quelques promesses électorales ou un renouvellement marketing des partis qui vont y changer grand chose. « Mais c’est affreux ce que vous dites là M. Fortin! » Oui et non, pas vraiment. Qu’est-ce qui est affreux? Que notre système de gouvernement soit sclérosé, paralysé de relent de structures coloniales et de bureaucratie, cannibalisé par le lobbying, vide de toute vision? Ou que le peuple n’a d’autre réaction que le désintérêt face à la situation? Le désintérêt des gens pour nos institutions est symptomatique de la désuétude des dites institutions. Quand je vois nos jeunes sillonner le monde avec des projets d’aides internationales, quand je vois nos scientifiques participer à la fine pointe de la recherche, quand je vois des hommes et des femmes avec des rêves se lancer en affaires chaque année, quand je vois ce que nos artistes peuvent produire, je ne le trouve pas endormi du tout le bon peuple. Les Canadiens et les Québécois, ces gens dynamiques et ouverts, ont bien raison de ne pas se sentir représenté par ce qui leur sert de gouvernement. Je rêve du jour où le bon peuple se réappropriera ses institutions et les peuplera des rêves et des défis de demain ou bien il les dissoudra pour d’autres car celles-ci auront perdu toute légitimité à force de désintérêt et de café politique fade. Ce qui serait vraiment affreux, c’est la continuité de ce statut quo écoeurant. Sans représentativité véritable, la démocratie n’est encore qu’un rêve.

Choix politiques, propagande et économie

« Afin de garder une population dans la passivité, une fois les besoins essentiels comblés, il faut restreindre le plus possible le nombre d’opinions acceptables tout en favorisant le débat dans ce mince éventail de pensée pour donner l’impression aux gens d’exercer leur libre expression tout en les conduisant dans la direction voulue, tracée par le dit éventail. » Ce n’est pas de moi. C’est un axiome célèbre ainsi qu’un principe de gestion des « ressources humaines » bien connu. C’est de ça dont j’ai le goût de vous parler aujourd’hui.

Comment ça marche? C’est très simple. Imaginez que tous les pensées et opinions possibles forment un cercle. Vous souhaitez que le groupe que vous administrez prenne la direction nord-est dans le cercle. Grâce à divers jeux d’influences et à la machine médiatique ou tout autre panoplie de pouvoirs à votre portée, vous vous arrangez pour que tous les opinions n’allant pas plus ou moins vers le nord-est deviennent irrecevable. Les gens peuvent argumenter tant qu’ils veulent à savoir s’ils élisent un chef qui va les conduire un peu plus au nord ou à l’est, vous gagnez de toute façon. C’est génial! Avec ceci de bien établi en tête, observons maintenant de quoi les médias nous matraquent ces dernières années et réfléchissons à l’élection provinciale qui approche (encore).

Allons y un parti à la fois, commençons par le Parti Québécois. Ce parti encore jeune eut son second souffle au début des années 90 grâce au fiasco fédéral des accord du Lac Meech et de Chalottetown qui visaient à ramener le Québec dans la constitution canadienne avec dignité. Suivant ces événements le PQ reprit le pouvoir et gagna presque le référendum sur la souveraineté de 95. Malgré cet échec, la vague souverainiste semblait devoir continuer à monter. Que tente-on de faire avaler aux Québécois en 2008? Que le PQ était le parti d’une génération, que le moment est passé, que le parti s’entredéchire sans cesse et que son obsession de la souveraineté en fait un mauvais administrateur du gouvernement du Québec, incapable de traiter de bonne foi avec Ottawa. À écouter les médias, ils semble impossible d’être souverainiste en 2008 sans être dépassé, extrémiste, raciste, unilingue francophone et tout à fait mal informé sur la nouvelle donne mondiale.

Parlons maintenant de l’ADQ. Mario Dumont a fondé son parti en 1994 suite à son départ du parti libéral, influencé entre autres lui aussi par les événements de Meech et Charlottetown. Sa position autonomiste et son vœu de rouvrir la constitution sont donc des préoccupations qui viennent de loin chez lui et non un projet irréfléchi pour s’accaparer l’électorat comme plusieurs l’insinuent. Oui son parti est très jeune, un peu trop à droite au goût de certains et n’a pas l’expérience du pouvoir mais j’ai l’impression qu’on aime me rappeler son inexpérience et ses bourdes plus souvent qu’à son tour.

Reste maintenant le parti au pouvoir qui déclenche lui-même des élections avant le temps; nos bons vieux libéraux du Québec. Moi je les aimais bien… sous Lesage ou encore sous Bourassa… la deuxième fois, pas celle de 70. C’est fou comment on ne parle plus du virage ambulatoire inefficace de Jean Charest, ou du mont Orford ou du Suroît ou du CHUM ou des émeutes universitaires lorsqu’il a voulu faire des coupures en éducation. On se rappelle si peu qu’avant d’être libéral provincial, il était conservateur fédéral. Mais revenons à nos moutons. Le PLQ donc, veut faire campagne sur l’économie. Ils ont l’audace dans leur argumentation de se présenter comme seuls capables de bien administrer le Québec en ce moment. Une saine gestion publique n’est pas un point à défendre sur une plateforme électorale, c’est un pré requis. S’ils n’ont rien d’autre à présenter ce n’est qu’un autre symptôme du vide politique présent. Le PLQ ne sait quoi proposer d’autre qu’une image de gestionnaire sérieux. Image qui est eut-être assez éloignée de la vérité alors qu'on entend qu'ils refusent de montrer leur bilan.

Revenons à l’économie. Ils aiment parler d’économie nos gouvernements. C’est le mot magique; la conjoncture économique, avec ça on peut tout passer. Il faut monter le prix de la scolarité ou de l’Hydro malgré les choix de sociétés qu’on a fait? On était obligé c’est l’économie. Pour les PPP qui surgissent partout comme une panacée bien que ce n’est pas nécessairement le meilleur des choix dans tous les projets? Pareil. Le gouvernement ne tient pas ses promesses? C’est pas leur faute l’économie ne l’a pas permis. Demandez à n’importe quel économiste digne de ce nom; c’est n’importe quoi! L’Économie aussi elle fait partie du jeu autour du principe que j’énonçais au début. Bien sûr la situation financière du Québec pourrais être meilleure, mais elle n’est pas mauvaise. Le problème c’est que nos dirigeants ne sont que des administrateurs sans imagination qui tiennent surtout à ne pas faire de vagues et non des vrai gouvernants.

Donc nous avons un parti qui se fait traiter de dépassé, un qui se fait infantiliser, un qui s’arroge le monopole de la saine gestion et de toute façon tous les trois connaissent le mot magique : « Économie! » Alors réfléchissons de nouveau à mon petit cercle qui représente le possible des opinions et à mon axiome d’ouverture : « Afin de garder une population dans la passivité, une fois les besoins essentiels comblés, il faut restreindre le plus possible le nombre d’opinions acceptables tout en favorisant le débat dans ce mince éventail de pensée pour donner l’impression aux gens d’exercer leur libre expression tout en les conduisant dans la direction voulue, tracée par le dit éventail. » D’après vous on a accès à quel pourcentage du cercle?