dimanche 9 novembre 2008

La victoire du discours unique et de la non gouvernance

Vous savez, je viens de mettre le doigt sur un fait qui me choque beaucoup ces temps ci dans notre politique Québécoise. Ça faisait un bout de temps que ça me travaillait voyez vous, comme une écharde placée dans un endroit difficile à atteindre, quand j’ai fini par trouver. Le discours! Depuis le début du nouveau millénaire au Québec, il n’y en a qu’un et il est loin d’être porteur. Je vous entends déjà piailler : « Voyons M. Fortin vous divaguez! On a trois partis majeurs au Québec sans compter les autres groupes d’intérêt. Tous ces bonnes gens se crêpent sans cesse le chignon. Comment pourrait il y avoir un seul discours? » Cessez tout de suite! Je vous dis que si. Quel est il ce discours unique qui sévit dans notre belle société distincte qui se targue des valeurs d’ouverture, d’entraide et de progrès? Je vais vous le résumer. Je vous défie de me dire à la fin de l’odieuse description qui s’en vient que c’est faux et que vous n’avez pas eu un arrière goût acre et familier dans la bouche à la lecture de la suite.

L’incapacité de changement : Le premier point du discours unique est l’incapacité de notre société à un créer changement positif. Si ce n’est pas la faute de la bureaucratie, des fonctionnaires ou du gouvernement précédent, il y aura une bonne raison scientifique, économique, environnementale, internationale ou légale pour rendre impossible le dit changement. Quand un changement passe pourtant cette première étape ce sera alors tergiversations sans fins entre les différents intéressés du projets et groupes de pressions de toute sortes pendant si longtemps que si jamais projet il y a, personne ne sera content du compromis. On se rappellera finalement que ça a coûté bien plus cher que prévu et que somme toute, c’était une mauvaise décision et qu’on serait mieux de ne rien faire du tout la prochaine fois. À cela nous pouvons encore rajouter les compétences de nature fédérales sur lesquelles on ne peut agir ainsi que la Cour Suprême qui empêche parfois, voire souvent, l’Assemblé Nationale de légiférer aussi loin qu’elle le devrait dans son propre champ d’activité. L’enjeu de la souveraineté a exacerbé encore plus ce point. Bien des fédéralistes, voyant toute initiative Québécoise visant à se donner des pouvoirs de faire lui même des changements comme une menace pour l’unité canadienne, se félicitent stupidement d’un statut quo nocif. L’incapacité de changement conditionne la population à avoir des attentes très basses envers ses gouvernements et à croire aux vertus de l’immobilisme. Le parti au pouvoir n’est alors tenu que de continue à faire rouler la machine, tant qu’il ne fait pas de bruit, pour le reste il a carte blanche.

La dictature du politiquement correct : Grâce à ce point, on s’assure de réduire le plus possible l’ouverture du débat à l’aide d’une pseudo rectitude menant la joute vers un terrain convenu. Toutes les idées hors de cette arène deviennent marginales, stupides, rétrogrades, racistes ou encore vues comme portant atteinte à la sensibilité ou aux droits d’une minorité quelconque. C’est un bâillon des plus efficaces. Par exemple, le débat sur le seuil de l’immigration au Québec est tout à fait légitime. Combien de personnes pouvons nous accueillir chaque année tout en ayant les ressources adéquates pour les aider à se faire leur place parmi nous? Mais lorsque Dumont a évoqué maladroitement la question, il s’est fait étiqueter comme un extrémiste de droite. Pourtant la question était pertinente, si on se ramasse avec des bidonvilles de gens mal intégrés autour de nos centres comme en France parce qu’on ouvre toute grande la porte sans penser plus loin, ça n’aidera personne.

Le privé magique : Avant d’aller plus loin laissez moi faire une parenthèse. Je crois aux aspects positifs du capitalisme, à l’effet stimulant sur les gens avec des ambitions et des rêves qui tentent de se dépasser, à la libre entreprise créatrice de richesse, au réseau d’échanges et de contacts magnifiques que peut être le marché. Maintenant allons-y pour le privé magique! Ce point vise à mettre l’argent des contribuables entre les mains d’une élite financière grâce à un discours vantant les mérites du libre échange et de l’entreprise privé. Une fois la population convaincue du bien fondé du principe de créer de la richesse en stimulant l’économie, le gouvernement peut allègrement distribuer ses fonds et ses avoirs pour le plus grand bénéfice de l’élite mentionné ci haut. Par exemple, malgré que bien des études ont prouvé dans les années 60 qu’un système de santé publique était bien supérieur à un privé, on entend plus parler que de privatisation en santé. Je veux bien croire que notre système a besoin d’être améliorer et qu’on peut déléguer certaines choses au privé mais depuis quand est-ce devenu le seul moyen? Vive le lobbying! Quant à vendre Hydro Québec pour payer la dette ou subventionner des multi nationales pour sauver quelques emplois en région… Le privé et l’économie sont devenus la réponse à absolument tout! On peut affirmer que malgré nos belles valeurs de gauche, tous les partis du Québec sont bien à droite…

Donc c’était en peu de mots l’idéologie dominante des années 2000 au Québec. Quand je pense à l’ère des grands projets, à la révolution tranquille, à cette époque d’idéalisme où tout semblait possible pour le Québec et le Canada, je me sens bien triste. Quand avons nous donc perdu le feu sacré? Quand avons nous arrêté de marcher vers un projet de société meilleure? Quand avons nous commencé à vivre au jour le jour en ne cherchant que le confort matériel et en nous déresponsabilisant totalement sur l’avenir de notre nation? Des élections (encore) s’en viennent et je ne vois aucune issue au triste état des choses que je viens d’énoncer. Vous tous qui m’écoutez, entendez moi; peu importe l’allégeance politique, l’ère du laisser faire, de la domination économique et de la non gouvernance doit cesser! Un projet de société moderne, crédible, meilleur doit nous animer à nouveau. L’ère du cynisme ne fera qu’un temps, à quand celle du renouveau?

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