mardi 18 novembre 2008

Un projet de société


Ça fait défaut, nous n’en avons plus. Au Canada, Dion a fait un essai peut-être, je ne suis pas sûr que son parti suivra à nouveau cette voie de si tôt. Au Québec, si je regarde la campagne actuelle, c’est le néant. Chacun vante son équipe comme étant la meilleure et essaie de mettre ses rivaux dans l’embarras. Les promesses ne sont que des bonbons électoraux ou des solutions rapides à des problèmes profonds. Aucune vision d’ensemble, aucun projet structurant, aucun débat de société. Voilà sur quoi je veux discourir aujourd’hui.

D’emblée les péquistes me diront : « La souveraineté du Québec c’est l’ultime projet de société! Comment pouvez vous dire que l’on en a aucun M. Fortin? » Je m’explique. La souveraineté est le moyen pour les Québécois d’avoir les pleins pouvoirs afin de bâtir leur société comme ils le veulent. Avec ces pouvoirs le Québec aurait la plus grande liberté possible pour réaliser son projet de société mais l’obtention des dits pouvoirs n’est qu’une étape d’un projet de société qui se doit être beaucoup plus vaste. Personnellement je pense que c’est le grand problème du PQ aujourd’hui. Ce parti a dépensé tellement d’énergie à nous convaincre que la souveraineté est économiquement viable et à se défendre contre les attaques de fermeture d’esprit des fédéralistes que quelque part en route, le PQ a oublié l’articulation du comment et du pourquoi. Le comment pas dans le sens est-ce qu’on fait un référendum ou une élection référendaire. Le comment dans le sens comment veut on vivre ensemble? Quelles sont les choses qu’on ne peut faire au Canada et qu’on ferait au Québec? Comment nos valeurs se transposeraient elles mieux dans nos nouveaux systèmes politiques et législatifs? Comment négocierions nous avec les autres nations? Comment ce pays serait la fierté de son peuple et garant de sa culture? Un tel projet de société, ça se discute et il faut en débattre continuellement pour le préciser, l’actualiser.

Désolé pour cet écart, je vous rappelle que mon présent objet sont les projets de société et non la souveraineté du Québec. Je dois pourtant continuer à en parler car le cas spécifique du Québec, influence la majeure parti da sa donne politique et de ses projets de société. En effet, la question identitaire de cette province la mène dans un cul de sac en ce qui concerne les projets de société. Le Québec, avec ses demis pouvoirs ne peut mener à bien tous les projets qu’il voudrait sans le concours du fédéral qui détient le reste des pouvoirs. Par contre, tout projet semblant un peu trop glorifier le caractère distinct du Québec est très vite vu comme suspect voire séparatiste par le gouvernement central, cela nous donne donc des projets larvés. Les projets fédéraux au contraire, sont souvent perçu par les Québécois comme des ingérences mal venues dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas vraiment. Cela a pour résultat que le Québec ne fait que les projets qu’il peut et le fédéral que les projets qu’il ose. Les deux paliers ne sachant s’entendre on en arrive à une culture du statut quo. Hors rien n’est plus nocif que le statut quo. Lorsqu’un organisme cesse d’évoluer, il est condamné à disparaître.

Le Québec et le Canada sont un/des pays jeune(s), le pacte de 1867 n’est pas respecté, la constitution de 1982 n’est pas signée, les accords suivants ont échoué. Ne me dites pas que les gens ne sont pas prêts, que le débat constitutionnel est passé mode ou que nous n’avons que faire de projet de société. Fédéralistes et souverainistes entendez moi! Que ce soit une refonte acceptable du pacte canadien ou que ce soit la souveraineté accompagnée de partenariats privilégiés avec le Canada dans certains domaines, les deux options sont viables et légitimes. Mais le statut quo actuel et le vide politique présent sont la défaite autant des fédéralistes que des souverainistes. Québécois, il faut faire cesser la culture de la victime et du mécontentement! Tous ensemble nous devons nous redonner un rêve, un projet. Nous devons nous redonner la fierté et la conviction que nous pouvons accomplir les choses les meilleures et les plus élevées. Pour cela il faut prendre les moyens. C’est à dire renégocier le pacte canadien et finalement être parti prenante de l’épopée canadienne à part entière selon nos conditions ou bien se donner un état souverain du Québec. Mais je vous en prie assez de tergiversations! Il n’est jamais de meilleur moment qu’aujourd’hui pour entreprendre une action. Ce n’est pas dans un siècle lorsque le poids francophone sera devenu infime au Canada que l’on aura une meilleure conjoncture pour renégocier la constitution ou pour tenter de sortir de ce pays.

Le débat reste donc à faire et le projet de société à préciser. Un tel projet a ses racines dans les valeurs, les aspirations et les rêves du tissu social. On ne peut le mettre au placard. La population doit en parler et s’y reconnaître. Un projet de société auquel on adhère fait parti des ingrédients d’une politique bien vivante et d’un sain patriotisme. N’écoutons pas nos politiciens qui ne veulent surtout pas d’une discussion aussi substantielle et tentent de surfer la campagne présente sur des enjeux à court terme. Québécois envoyons un message clair à nos représentants pour qu’ils se retroussent les manches et s’attaquent à faire un Québec et un Canada meilleurs au lieu de rester le nez plongé dans leurs livres de chiffres.

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